vendredi 10 juin 2016

Avertissement

Normalement, dans un blog, les articles les plus récents sont ceux qui apparaissent en premier, les plus anciens étant accessibles à la fin par un menu déroulant.
Par contre, pour faciliter la lecture, les articles de ce blog, maintenant terminé, sont classés par ordre chronologique.
Pour cela, les dates d'édition ont été modifiées, les articles plus anciens devenant les premiers à la lecture. Ce qui fait que la mention de bas de page "articles plus anciens" renvoie en fait aux articles suivants, plus récents.

GRP Tour de Puisaye L'introduction de Jean-Marie Mengin


GR de pays

                           Tour de Puisaye 

(au départ de Saint-Fargeau)

- 62 km-


Le GR de pays Tour de  Puisaye  se déroule au sud du Bassin parisien, en Bourgogne, dans le département de l’Yonne. C’est une région de forêts et d'étangs, plateau boisé argileux, entaillé de vallées bocagères. Elle est décrite par Colette (née à St-Sauveur-en-Puisaye en 1873). L’artisanat reste actif avec les ateliers de poteries en grès.

J’ai parcouru ce GRP comme sentier de proximité de novembre 2006 à août 2007 depuis Saint-Fargeau. Tombé en désuétude, il n’était plus entretenu ni balisé. Devenant trop difficile à suivre, je l’ai abandonné à Orgy.

Apparemment, il n’existe plus, en tout cas sur ce tracé…

 

https://gr13gr213.blogspot.fr

 

 


Samedi 4 novembre 2006 : Saint-Fargeau – lac du Bourdon.

 

Le château de Saint-Fargeau a vu passer bien des personnages illustres, jusqu’à la Grande Mademoiselle, exilée par son cousin Louis XIV. A la fin du XVIIIe siècle, il fut la propriété du noble conventionnel Michel Lepeletier. Jusqu’à la fin des années 1970, il appartint à la famille de l’académicien Jean d’Ormesson. Ouvert au public, il est animé chaque été par un somptueux spectacle son et lumière historique.

Le GR de pays Tour de Puisaye débute devant les hautes tours et les lanternons du château de Saint-Fargeau (Yonne). Il passe devant l’église et sort du bourg par une petite route qui s’éloigne dans la campagne.
Je pars à pied ce matin vers 8h30, musette à l’épaule, de la maison du clos Saint-Lazare où nous habitons depuis juin,  pour rejoindre le GRP sur cette route. Petites maisons aux encadrements de porte en briques rouges. Chemin bien connu, lieu de promenade habituel de notre chien Oscar. 
Il a gelé cette nuit ; les prés sont encore blancs de givre. Le soleil levant est éblouissant. La route s’éloigne dans les champs. Je passe à côté d’une maison d’habitation sise dans une ancienne chapelle. Au bord de la route, les capsules roses des fruits du fusain, ou bonnet de prêtre, colorent les haies. Après la ferme des Pautrats, la petite route rejoint une départementale. Un peu plus loin le sentier bifurque à travers champs, franchit le ruisseau du Bourdon et se poursuit par un chemin entre des haies. La végétation est encore bien verte, phénomène dû probablement à la douceur et l’ensoleillement du mois d’octobre. 
Je débouche sur le barrage du lac du Bourdon, grand réservoir artificiel (250 ha) aménagé pour alimenter le canal de Briare. Le lac a été vidé pour des opérations de maintenance. Je poursuis sur la rive est. En été, cet endroit  fourmille de monde. Aujourd’hui, seul le Bourdon, le cours d’eau initial, parcourt encore de ses méandres le fond du lac, bien visible dans la vase, où s’affairent colverts et goélands argentés
J’atteins le chemin d’accès à la propriété de la Bouquetterie et je remonte vers la départementale 485. Je mange une pomme, avant de repartir par d’autres routes et chemins vers St-Fargeau.

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Dimanche 5 novembre 2006 : Lac du Bourdon – les Gauthiers.

 A 9h, par un PR, je rejoins le GRP sur la départementale 485 où je l’avais quitté hier matin.

Depuis la départementale, le chemin longe en contrebas le centre équestre des Grilles et après les hangars redescend vers le lac du Bourdon.
Le GR de pays longe la rive, en un parcours agréable sous les hêtres, les charmes et les chênes. Le lac, après une digue qui le coupe en deux, retrouve son niveau d’eau habituel.
Le sentier atteint un camping. Il y a deux ans, lors d’un passage en Puisaye, nous avions dormi dans notre fourgon camping-car, sur le terre-plein devant le camping fermé. Nous ne nous doutions pas que nous allions venir habiter à Saint-Fargeau  deux ans plus tard.
Le sentier se poursuit en lisière. Dérangée, une troupe de grands cormorans s’envole du plan d’eau…
A une intersection du sentier, je fais un détour vers l’étang de Charmoy, dans son écrin de verdure, ancien tracé du GR.

De retour sur mon itinéraire (balisé comme variante), je m’engage en lisière vers le nord jusqu’à la ferme des Gauthiers. Le chemin bitumé mène à la départementale 85, où 400 mètres plus loin je retrouve ma voiture. Il est 11h30.

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Dimanche 3 décembre 2006 : Les Gauthiers – Saint-Sauveur-en-Puisaye.

 

Depuis le carrefour de la ferme des Gauthiers,  sur la D85 où je laisse ma voiture, je m’éloigne vers le nord sur une petite route qui rejoint un ensemble de fermes restaurées, les Petits Clergeaux. La route devient chemin. Le GRP traverse une voie ferrée désaffectée, enjambe par une passerelle de fortune un gué sur le Loing et gagne l’étang de Moutiers. Un pêcheur, malgré la douceur, reste enfermé dans sa voiture, en attente à côté de ses cannes. Je contourne l’étang par le sud le long d’une berge dans des bois inondés. C’est une zone de pêche à la carpe de nuit. Rencontre d’un pêcheur avec son jeune chien qui me suit un moment. Je retrouve la voie ferrée dont j’arpente le ballast qui franchit un bras de l’étang. 
Traversant la D85, je gagne Moutiers-en-Puisaye, village de potiers. Je visite la petite église Saint-Pierre, à la nef romane, qui présente des fresques murales du XIIe au XVIe siècle, rénovées en 1984, à l’ocre typique de la Puisaye. 
La Puisaye-Forterre est un plateau boisé argileux, entaillé de vallées bocagères, terroir d’étangs et de clairières, de sources et de sous-bois, décrit par Colette. L’artisanat reste actif avec les ateliers de poteries en grès.
A la sortie du village, je retrouve le tracé initial du GR de pays qui s’éloigne entre les haies du bocage, traverse de nouveau le Loing sur une passerelle, atteint un ancien passage à niveau, longe la voie ferrée et entre à Saint-Sauveur-en-Puisaye. Colette est née à Saint-Sauveur en 1873.
Je passe devant la maison natale de Colette, au perron boiteux, dans la rue qui monte vers le château où un musée lui est consacré.


Devant le château, vers midi,  je retrouve Viviane et notre chien Oscar venus me rechercher.

 

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Dimanche 7 janvier 2007 : Saint-Sauveur-en-Puisaye – les Cueillis.

Navette avec deux voitures.

Le sentier longe le château, contourne la tour Sarrasine et rejoint la D85.
Vers 10h, je m’éloigne vers le nord, sur route, puis j’entre en forêt. Il fait une grande douceur et les chemins sont détrempés. L’argile ne permet pas l’infiltration, et l’eau stagne ou forme des ruisseaux sur le milieu du chemin m’obligeant à marcher en canard. D’ailleurs des oies m’accueillent en cacardant lorsque j’atteins une ferme !
Je m’enfonce dans un chemin de haie ; la terre argileuse colle aux chaussures.
Après le hameau des Robineaux, le GRP arpente la campagne et atteint le ruisseau du Branlin qui coupe le chemin. Oui, mais voilà, il va falloir traverser, et le cours d’eau est gonflé par les pluies. Il me reste à sauter par dessus le passage le plus étroit pour rejoindre une zone marécageuse dans un pré, sur une centaine de mètres. Je regagne le chemin et, plus loin, retrouve la voie ferrée que je franchis à un passage à niveau isolé. J’emprunte alors un chemin boueux à travers des champs désolés où craillent les corneilles. Je rejoins une route à l’entrée du hameau des Cueillis, je longe la propriété d’un producteur bio et je retrouve la voiture sur une place. Il est 11h55.
 

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Dimanche 18 février 2007 : Les Cueillis – Solmet.

 

C’est avec Oscar que je quitte les Cueillis vers 10h.
Après une ferme où Oscar rencontre un grand chien encore jeune avec lequel il fait connaissance, le sentier s’éloigne à travers champs. On arpente de grandes étendues agricoles sans arbres ni haies. Soleil printanier.
On arrive à Fontenoy.
Ici eut lieu le 25 juin 841 la bataille de Fontenoy où se joua le sort de l’Europe, entre trois fils de Louis Ier le Pieux ( Lothaire Ier , Louis le Germanique et Charles II le Chauve) et son petit-fils Pépin II, roi d' Aquitaine. Suite à cette bataille, l’Empire carolingien fut disloqué entre les petits-fils de Charlemagne lors du traité de Verdun en 843. Charles le Chauve reçut la Francie occidentale qui deviendra la France, Louis le Germanique la Francie orientale future Allemagne, et Lothaire la bande intermédiaire de la mer du Nord au sud de l’Italie appelée Lotharingie.
Depuis le village, le chemin monte sur le plateau où eut lieu la bataille. De place en place, des rappels historiques, des gisants…


Un poème d’Angilbert, soldat de Lothaire, est transcrit sur une petite stèle au bord du sentier.


On atteint le monument commémoratif de la bataille sur un plateau dégagé à 260 m d’altitude. Là les troupes de Lothaire établirent leur camp, attendant la jonction avec Pépin. On imagine ce plateau dénudé envahi par des milliers de soldats…


L’épitaphe sur l’obélisque indique : « Ici fut livrée le 25 juin 841 la bataille de Fontenoy entre les enfants de Louis le Débonnaire. La victoire de Charles le Chauve sépara la France de l’Empire d’Occident et fonda l’indépendance de la nation française. »

Le GR de pays descend ensuite de la colline et gagne vers l’est un vallon boueux. Là, à proximité d’un troupeau de vaches salers à la belle robe fauve, Oscar s’allonge dans la boue !
Le sentier gagne le hameau de Solmet pour le contourner. Mais devant une ferme où est censé passer l’itinéraire, le passage est barré par un grillage pour laisser place à un poulailler. Chemin public confisqué ou chemin privé que le propriétaire s’est réapproprié ? En tout cas, il faut rebrousser chemin et traverser le village pour retrouver le balisage. C’est là que l’on regagne la voiture, à midi.

 

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Dimanche 10 juin 2007 : Solmet – Leugny.

Le sentier s’engage entre une rangée d’arbres et un champ de colza. Au bord du chemin, de grandes berces étendent leurs ombelles saturées de visiteurs, tout un petit monde d’insectes spécifiques attirés par le nectar des fleurs blanches. Les coquelicots aux pétales rouge écarlate parsèment les céréales.
A 10h, Viviane et Oscar m’accompagnent jusqu’au fond du vallon et rebroussent chemin.
Le GRP atteint une petite route qu’il va suivre un moment puis oblique dans un chemin agricole au milieu des étendues céréalières : blé, seigle, colza, à perte de vue.
Le soleil commence à être chaud. La casquette va m’être utile. Je traverse Sementron et poursuis  dans l’échiquier des champs de céréales, sans végétation repère mais dans un paysage ouvert et vallonné. J’atteins une hauteur à 327 m aux Champs de Caïn, le point le plus élevé de mon parcours, et me dirige vers le hameau de Cury que le sentier contourne. Bocage et végétation réapparaissent dans le vallon.
Je monte vers le bois de Balaiseau. Le parcours est ombragé sous les hêtres, la fraîcheur est appréciable. Je débouche alors dans un chemin herbeux non fauché qui descend tout droit vers Leugny dont on aperçoit l’église. Les graminées sauvages fouettent les jambes. Gare aux tiques !
Leugny est un village traversé par l'Ouanne, et dont l'église est excentrée, bordée par son cimetière. Je retrouve la voiture à midi à côté du cimetière.
 

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Dimanche 24 juin 2007 : Leugny – Avigneau.

 

Depuis le cimetière de Leugny , je descends vers un gué qui traverse l’Ouanne. Une passerelle en bois permet de franchir la rivière. Croisant une route départementale, le sentier monte dans des étendues agricoles parmi les hautes herbes. Il longe une haie fournie entre des champs de blé, rejoint une route qui mène au hameau de Montifaut. Je fais une brève halte à une baraque de chasse en limite du bois des Brandons. J’effraie un jeune cheval d’une troupe de cavaliers de passage. Le vent est frais dans le sous-bois, le soleil est voilé. 
Je débouche dans le bocage : vol des piérides sur le chemin, vaches en pâture, coassements des grenouilles vertes à proximité d’une mare et saccades en rafale de rainettes vertes.
Sur une hauteur avant Crosle-le-Bas, vue dégagée sur Auxerre dans le lointain, rythmée par le chant des alouettes.
Nouveau parcours au milieu des étendues agricoles, sans repère par manque de support pour le balisage. Descente vers la lisière d’un petit bois. Sur des ronciers en fleurs, une foultitude d’insectes : je dénombre au moins quatre espèces de papillons: piéride du chou, piéride de la rave, carte géographique, grand nacré. Le bourdon terrestre les accompagne.
Je traverse Nantenne, passe au milieu d’un corps de ferme et retrouve les blés et colzas. Les marques jaune et rouge du GRP se font rares. Un peu plus loin, des balles de foin récemment confectionnées parsèment les prés de fauche.

Le sentier descend par la forêt vers un hameau et gagne le château d’Avigneau. Un chemin privé, accessible aux piétons, longe cette belle propriété de la Renaissance, restaurée au XVIIe siècle. Après avoir franchi le ru d’Escamps, le sentier débouche à l’entrée d’Avigneau où je retrouve la voiture à 12h30.      

 

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Samedi 4 août 2007 : Avigneau – Orgy.

 

A l’entrée d’Avigneau, le sentier s’engage de suite en sous-bois. Il débouche dans des champs où un lièvre monte la garde. De la chicorée pousse tout au bord du chemin.
Long parcours à travers champs à perte de vue. Pas de support, pas de balisage. Je navigue selon les probabilités de la carte qui n’indique pas non plus le sentier. Par hasard, un marquage retrouvé sur un arbre me permet de me rendre compte que je ne me suis pas trompé.
Le sentier oblique dans la vallée des Veaux : vol des piérides sur l’allée de lisière.
Par un chemin herbeux, j’entre à Vallan. Le GRP passe un petit pont de bois, longe un ruisseau ombragé, atteint l’église du XVIe siècle et la fontaine Naudin. Cette fontaine alimenta  en eau Auxerre du XVIe au XIXe siècle. Vallan fut le siège de la commanderie des Templiers puis des Hospitaliers de St Jean à Jérusalem.
Le sentier s’éloigne du village, monte en lisière et se retrouve dans les champs. On aperçoit les immeubles d’Auxerre. Face à un bosquet, je rejoins la D1 Chevannes-Auxerre. Une vieille pancarte et un ancien balisage jaune et rouge indique « sentier Bourgogne sereine ». Suis-je toujours sur le GR de pays Tour de Puisaye ?
Je m’engage sur cette piste. Des fleurs violettes en épis sur les bas-côtés sont visitées par les piérides.

Au sud d’Auxerre, le sentier oblique par un chemin de haie, rejoint une route non loin d’un grand rond-point de l’entrée ouest de la ville. A partir de là, il va maintenant rebrousser chemin vers la Puisaye dans une direction sud-ouest. Il emprunte l’assise de l’ancienne voie de chemin de fer et gagne en deux kilomètres l’entrée d’Orgy.
Il est 14h. Je n’irai pas plus loin sur ce GRP où je navigue à vue sans certitude…


                                                   Fin du GRP Tour de Puisaye



Fin du GR Fin13, sentier Forêt de Fontainebleau - Morvan.

GR 13 L'introduction de Jean-Marie Mengin





GR 13

Sentier Forêt de Fontainebleau - Morvan

(Carrefour du Coq – Signal de Mont)

-418 km-


Le GR 13 a été inauguré officiellement le 24 mai 1973.

Le GR 13, au départ de la forêt de Fontainebleau, parcourt le Bassin parisien à travers le Gâtinais, la Puisaye, l’Auxerrois et la vallée de la Cure. Il atteint le Massif central en pénétrant dans le Morvan qu’il traverse du nord au sud.
Ce faisant, il passe dans le parc naturel régional du Gâtinais français. Il traverse complètement le parc naturel régional du Morvan.

J’ai parcouru ce sentier, seul, de novembre 2006 à avril 2010, retrouvant aux étapes midi et soir Viviane ainsi qu’Oscar (jusqu’à sa mort).


https://gr13gr213.blogspot.fr



Samedi 18 novembre 2006 : Carrefour du Coq – Villiers-sous-Grez.

C’est au carrefour du Coq (84 m), dans la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne) que débute le GR 13
Au départ de la maison forestière de la Faisanderie, l'allée longe des installations de loisirs et un centre équestre. La Faisanderie était à l'origine un élevage de gibier utilisé par tous les rois, réaménagé ensuite par Napoléon III. Le GR rejoint la Nationale 7 à proximité du carrefour de l'Obélisque, immense rond-point au sud de la ville de Fontainebleau.
A 10h, je m’engage avec Viviane et Oscar entre la  N152 et la N7 dans une allée forestière aux couleurs automnales. Le raffut provoqué par le trafic automobile parcourant la forêt subsiste longtemps en bruit de fond. 
Chênes, hêtres et pins sylvestres rendent la forêt flamboyante.
Exploitée depuis le XIe siècle, aménagée par Colbert, la forêt de Fontainebleau est située à deux pas de Paris. C'est probablement ce qui explique son statut de troisième site le plus visité de France, accueillant chaque année treize millions de visiteurs. La forêt qui s'étend sur plus de 17000 hectares fait, il est vrai, l'objet d'une attention particulière en termes de conservation.
C’est en arrivant sous le rocher du Mont Morillon que Viviane et Oscar rebroussent chemin.
Je m’engage dans le chaos rocheux, contourne les blocs de grès, m’insinue entre les rochers…
Célèbre pour ses formations rocheuses aux formes étranges, la forêt de Fontainebleau a la particularité de reposer sur une couche sableuse vieille de 35 millions d'années. L'érosion a dégagé des couches de grès aux formes originales et la nature du sol a permis richesse et diversité des végétaux et de la faune, en particulier des espèces d'insectes.
Le GR rejoint la route de Médicis, contourne le mont Morillon et gagne le rocher des Demoiselles qui culmine à 126 m. Le sentier se faufile entre les blocs, se glisse sous les rochers. A la sortie du chaos, il se poursuit par routes et carrefours. Ici, tous les chemins et toutes les allées sont appelés routes. Maintenant la forêt est devenue silencieuse. Les rayons de soleil s’insinuent sous le feuillage d’automne. Au carrefour des Sept Pins, je croise un groupe de randonneurs. Par la mare aux Fourmis, je quitte la forêt domaniale pour pénétrer dans le parc naturel régional du Gâtinais français.
L’appellation « Gâtinais français » a une double explication : tout d’abord géologique, puisque ce territoire tirerait son nom des terres sablonneuses qui le composent, les « gâtines », propices aux clairières et aux landes, mais aussi historique, car il correspond à une partie de l’ancien Royaume de France.
Par le bois de la Glandée, je débouche en lisière. Viviane m’attend avec Oscar dans notre fourgon Boxer aménagé en camping-car, près des premières maisons de Recloses.
Nous mangeons sur place dans la camionnette, porte grande ouverte au soleil.

Je traverse Recloses dans l’après-midi, chemine entre les murets et les ruelles du village. Par le chemin de la Butte Blanche je longe les rochers de Recloses. Je passe à côté de la mare Marcou, je poursuis jusqu’aux rochers de la Vignette que le sentier va longer. Le jour baisse lorsque j’arrive à Villiers-sous-Grez. Je traverse le village, longe des propriétés bien cachées derrière les murs d’étroites ruelles. Au sud de l'agglomération, le GR 13 grimpe sur une butte forestière par un chemin de sable gris qui serpente encore entre des rocs de grès vers la grotte du Curé et le rocher Saint-Etienne.
Descente jusqu’à une petite route à la sortie du village, où Viviane m’attend.

Nous retournons pour 17h30, à la tombée de la nuit, au camping de Boulancourt où nous avons déjà passé la nuit dernière. 

Dimanche 19 novembre 2006 : Villiers-sous-Grez – Larchant.

Petite bruine à Villiers-sous-Grez ce matin.
Je m’éloigne à 9h45 dans une forêt d’automne humide, passe sous l’ouvrage de l’autoroute A6, longe à nouveau une zone rocheuse et traverse le hameau de Busseau. 
J’atteins la forêt domaniale de la Commanderie. Le GR passe d’abord au massif rocheux du Maunoury. Il chemine jusqu’au rocher de Dame Jouanne, site d’escalade très connu non seulement des grimpeurs mais aussi des touristes, but de promenade dominicale. La Dame Jouanne est le plus haut rocher naturel de la région parisienne (15 mètres). Suite à des analyses géologiques réalisées en 2001, le massif est partiellement interdit. Un ponton permet de sécuriser le passage sous une zone où les versants érodés ne sont pas stabilisés. On mesure l’ampleur des dégradations dues au cheminement de millions de visiteurs.
Le massif de Larchant est un terrain tertiaire. Sables et grès de Fontainebleau sont largement apparents dans l’échancrure du plateau de Beauce que forme le « golfe de Larchant ». La forêt est composée en majorité de pins sylvestres et maritimes.
Le grès est exploité depuis 1330. Dès le XVIe siècle, il sera exploité pour le pavage des rues de Paris. En 1831, on embarque encore 3 000 000 de pavés.
Fin du XIXe siècle, sous la pression des artistes, on restreint l'activité carrière qui comptait alors 2000 hommes. En 1907, la dernière exploitation ferme.
Le sable très fin et pur est exploité pour les verreries dès 1640. On l'exploite toujours en lisière (Bourron-Marlotte).
Le chalet Jobert, où l’on peut boire, manger et pique-niquer fut longtemps le repaire d’un clan de grimpeurs célèbres. Il sert actuellement de point de base. D’ailleurs, vers 11h, le parking commence à s’animer. Un soleil timide fait sa réapparition. Je pense avec effroi à ce que doit être cet endroit en plein été…
Le sentier passe alors successivement au mont Simonet, au rocher de la Justice et au site de l’Eléphant : site fameux à cause d’un immense et curieux rocher qui ressemble vraiment à un éléphant avec les yeux, la trompe et les oreilles.
De nombreux groupes et écoles d’escalade prennent d’assaut les rochers.
Bientôt le GR, délaissant le sable gris et les rochers, s’éloigne dans la solitude. Je débouche vers midi sur le village de Larchant où se détache l’impressionnante tour de l’église.
Viviane me rejoint au débouché de la forêt. Nous mangeons sur place dans le Boxer.

L’après-midi,  nous  visitons  Barbizon, village de peintres  du  XIXe siècle  ayant donné naissance à  l’« école de Barbizon ».
Nous effectuons ensuite notre trajet de retour vers Saint-Fargeau, en Bourgogne (département de l’Yonne) où nous habitons depuis juin.

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Dimanche 18 mars 2007 : Larchant – Poligny.

Nous avons passé la nuit au camping de Boulancourt.

A 9h, je débute une marche sur le GR 13, traversant le village de Larchant.
L’église Saint-Mathurin, du XIIe siècle, est mutilée. La nef et la haute tour sont en ruine alors que le chœur gothique est toujours utilisé comme église.


Je quitte le village par un chemin sableux sous une pinède. Après être passé devant un centre équestre, j’entre en forêt. Des pancartes « non à l’expropriation », ponctuent le parcours : opposition de propriétaires forestiers privés à une expropriation dont je ne connais pas le motif.


Le GR 13 quitte le parc naturel régional.
Le sentier se dirige vers un amas rocheux qu’il contourne, la roche du Paradis. Il traverse ensuite un autre chaos, le mont Sarrasin : circonvolutions et passages parfois acrobatiques sous les rochers.



Le GR débouche dans le village du Puiselet. Peu après il rejoint à nouveau la forêt qu’il arpente par un escalier en rondins. Il côtoie un site d’escalade puis un parcours sportif avant d’arriver au panneau d’agglomération à l’entrée de Saint-Pierre-lès-Nemours.
Le sentier effectue encore un parcours forestier au milieu des rochers Gréau (massif aux portes de Nemours). Un chien m’accompagne pendant un moment. Les circonvolutions dans les rochers font que je tourne en rond. Je repars en sens inverse et je ressens une impression de « déjà vu » devant le panneau de St-Pierre. Alors, par la route, je rejoins Viviane et Oscar près de l’église où nous avions rendez-vous.
Il pleut maintenant. Nous repartons nous installer à l’entrée de l’agglomération, sous les arbres, pour manger dans le camping-car.

Par la suite, nous traversons Nemours en voiture, suivant en cela  le tracé du GR 13.
La capitale historique du Gâtinais était Château-Landon. Par la suite, les deux « capitales » sont devenues Montargis (pour le Gâtinais orléanais) et Nemours (pour le Gâtinais français).
Nemours est une belle ville avec son château d’origine du XIIe siècle, ses lavoirs et ses ruelles. Nous traversons le pont sur le Loing, et Viviane me dépose à la sortie de la ville, rive droite, à l’entrée de la forêt communale de Nemours. Il pleut toujours légèrement.
Le GR 13 serpente à nouveau dans des rochers. Des arbres calcinés témoignent des vestiges d’un incendie. Le sentier traverse un nouveau chaos rocheux jusqu’à rejoindre le « chemin de Nemours à Poligny » où il parcourt un taillis de jeunes bouleaux.
J’atteins à 17h15 Poligny, un village à l’orée de la forêt. C’est vers l’église que je retrouve Viviane.

Nous cherchons un endroit pour la nuit. Nous nous installons au bord du canal, près de l’entrée d’un camping encore fermé, à Bagneaux-sur-Loing.

Lundi 19 mars 2007 : Poligny – Château-Landon.

De retour à Poligny, je me mets en route à 8h30.
Il fait froid, le vent souffle ; quelques flocons de neige, sans suite…
Le paysage change complètement au sortir de Poligny. Je chemine dans des étendues agricoles sans repère. A l’entrée de Coudray, j’atteins une carrière de calcaire. On y entend des tirs de mine.
Un chemin en sous-bois où poussent des jonquilles s’abaisse vers la vallée du Loing. Je gagne la RN7 que je vais longer jusqu’à Souppes-sur-Loing, parmi le raffut automobile de ce grand axe pour Parisiens.
La vallée du Loing est considérée comme le centre du Gâtinais.
Je traverse toute l’agglomération puis la voie ferrée. J’emprunte un étroit passage entre deux murs et je me dirige vers le lit du Loing, occupé par des campings, des plans d’eau et des espaces verts. Un pont SNCF me fait franchir la rivière puis le canal attenant. Je longe le canal pendant 2 km vers le sud, rive gauche, en sous-bois puis sur le chemin de halage.
Au niveau de l’écluse des Grands Moulins, le GR 13 emprunte la route qui monte à Mocpoix. Après la traversée du village, il se poursuit en un sentier en descente vers la vallée aux Moines et gagne Château-Landon.
Le soleil est revenu entre-temps. Viviane m’attend au débouché du GR à 11h30.
Nous mangeons sur place dans le fourgon, derrière un bosquet.

*****

Samedi 12 mai 2007 : Château-Landon – Brise-Barre.

Arrivés aux abords de Château-Landon, nous mangeons dans le camping-car derrière le bosquet où j’étais parvenu en mars.
Dans l’après-midi, nous traversons en Boxer Château-Landon, longeons les murs de l’ancienne abbaye. Viviane me dépose à la sortie sud de la ville sur les berges du Fusain.

J’emprunte une jolie promenade le long du cours d’eau. Les jardins de belles propriétés descendent vers la rivière et se terminent par des lavoirs au bord de l’eau. Certains de ces lavoirs sont remis en valeur, d’autres sont oubliés dans la végétation. Le GR serpente dans un parc public ombragé puis s’éloigne dans la campagne. Des rangées de coquelicots délimitent les champs de céréales.


Boucle vers l’est, sans repère à travers champs puis dans des bois jusqu’à Heurtebise. Après ce hameau, le GR 13 atteint une route départementale qui enfile dans toute sa longueur le village de Néronville et gagne le pont de Dordives, sur le canal du Loing.
Ici passe la limite départementale. Le GR 13 quitte l’Ile-de-France pour pénétrer dans la région Centre (département du Loiret). Il se poursuit le long du canal pendant 2 km. A hauteur du pont suivant, il bifurque, monte sur le plateau et contourne la propriété du château de Toury.
A un angle de la forêt, Viviane et Oscar parviennent à ma rencontre. Nous allons poursuivre ensemble entre les champs de céréales et la lisière de la forêt. Après une antique croix de pierre, le chemin descend vers le canal et gagne Brise-Barre, un hameau situé à l’entrée de Nargis. On retrouve le Boxer, mais on ne passe pas inaperçus, surveillés que nous sommes par la bonne femme d’en face qui avait déjà surveillé Viviane à son arrivée !

Nous roulons ensuite pour chercher un camping. On ira s’installer à Ferrières-en-Gâtinais où nous passerons la soirée et la nuit au camping municipal.

Dimanche 13 mai 2007 : Brise-Barre – carrefour du Sanglier.

De retour à Brise-Barre, nous sommes à nouveau observés attentivement pendant tout le temps où je me prépare. Depuis la maison, et même depuis le verger de l’autre côté de la route, pour mieux voir…
Le GR 13 s’élève à travers prés, fait un large détour pour éviter la route avant de rejoindre Nargis. J’effectue cette portion avec Oscar. On traverse le village, on aboutit à une impasse de petites maisons basses coincées contre le canal. Par le chemin de halage, on parvient au pont qui enjambe la voie d’eau. Viviane nous attend en bord de route. Ensemble, nous franchissons en Boxer la vallée du Loing, gagnons la rive droite à Fontenay-sur-Loing dont nous dépassons les lotissements.
Je continue à pied sur une allée toute droite qui gagne un bois de peupliers. Derrière les arbres, j’aperçois le camping où nous avons passé la nuit. Je franchis la Cléry sur une passerelle, traverse Ferrières-en-Gâtinais, ancienne capitale religieuse du Gâtinais, village médiéval harmonieux avec une  église abbatiale classée Monument historique.
A la sortie du village, je rattrape un groupe de randonneurs qui s’engage comme moi entre prés et bois. Je mets du temps à doubler tout ce monde. Le sentier se dirige vers la zone humide inondable de la Cléry, contourne le village de Griselles et atteint le Moulin des Aulnes. Le site est aménagé en gîte et maison d’hôte sur la Cléry, dans un environnement frais et ombragé. Viviane et Oscar m’y rejoignent et nous gagnons ensemble Bois-le-Roi après une jonction avec le GR 132.
Nous mangeons dans le camping-car à la sortie du village.

Le sentier va parcourir maintenant la forêt domaniale de Montargis, poumon vert du Gâtinais.
La forêt s’étend sur 4061 hectares d’un seul tenant, avec une seule et unique clairière, en son centre, d'une superficie de 232 hectares : le village de Paucourt, délimité par un « fossé périmètre ». Cette clairière a une histoire bien particulière. Elle doit son existence à un défrichement néolithique remontant à 5000 à 2500 ans avant J-C.
Appelée « Buisson de Paucourt » jusqu'à la fin du XVIe siècle, la forêt de Montargis est un lieu foisonnant d'histoires et de légendes.
C'est essentiellement une forêt de feuillus, où cohabitent chênes, charmes et hêtres. Le chêne y est l'arbre roi. Sur son flanc ouest, plus sableux et filtrant, des pins sylvestres, laricio et douglas ont été implantés au XIXe siècle. 
Je m’engage dans cette forêt de plaine parcourue de routes et allées perpendiculaires et parallèles. Je longe une zone humide et marécageuse que colonisent des espèces végétales spécifiques.


Après le carrefour de Bourgogne, je passe à la Pierre du Gros Vilain. C’est un petit menhir néolithique de 1,80 mètre de hauteur, constitué de poudingue à silex, qui témoigne d'une occupation humaine fort ancienne de la forêt de Montargis. Datant de 5000 à 2000 ans avant J-C, il fut certainement érigé lors du défrichement de la forêt qui a donné naissance à la clairière de Paucourt.
Derrière le menhir, par un léger dénivelé, le GR descend en un étroit sentier forestier et rejoint une des allées rectilignes. Traversant la route de la Fontaine aux Lorrains, il atteint le carrefour du Sanglier, sur la route traversière menant à Paucourt. J’y retrouve Viviane et Oscar.

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Samedi 15 mars 2008 : Carrefour du Sanglier – canal de Briare.

Dix mois plus tard.
Nous avons passé la nuit dans la nature, aux abords de la forêt de Montargis.

A 8h45, je commence à marcher sur le GR 13 dans la forêt de Montargis au départ du carrefour du Sanglier. La forêt est encore hivernale, mais il y règne une atmosphère de printemps.
Parcours dans des allées rectilignes par le carrefour du Marchais blanc, le carrefour de la Réserve, le carrefour de la Paix. Je franchis la RN 60, et bientôt par un sentier plus sinueux je sors de la forêt.
Là, c’est vraiment le printemps. La température est douce, le soleil est agréable, les haies d’aubépines sont en fleurs. Le GR 13 se poursuit dans la campagne parmi les prés, bosquets et hameaux du Gâtinais. A l’orée du bois des Pohuts, un pivert s’envole, d’un rire sonore, d’une cavité creusée dans un chêne. Un peu plus loin sur le flanc d’un talus, je remarque les cônes de déblais de deux bouches d’entrée d’un terrier de blaireaux.
J’aperçois de loin, dans ces étendues faiblement vallonnées, le Boxer où m’attend Viviane. J’arrive au fourgon accompagné d’un chien golden retriever qui a cru bon de me précéder. Je ne sais pas trop pour qui de nous deux Oscar, nous apercevant, remue la queue.
Il est 11h45. Nous mangeons dans le fourgon.

Après une sieste, je poursuis mon chemin à 14h30. Une passerelle détruite m’oblige à faire un détour. A l’entrée de Conflans-sur-Loing, le GR 13 franchit l’Ouanne peu avant son confluent avec le Loing. Le sentier va se poursuivre au travers de la zone inondable entre les deux rivières, où dominent les peupliers envahis de lierres et de guis. Aux abords des fermes de Toisy, il franchit le Loing par une étroite passerelle piétonne. Je m’y assois un instant pour manger une pomme et boire un peu d’eau. Le ciel s’est couvert peu à peu, le temps devient plus humide à la faveur de quelques bruines.
Bientôt le GR rejoint le canal de Briare.
Le canal de Briare, commencé en 1604 sur l'initiative de Sully et terminé en 1642 après bien des péripéties, est le premier canal de jonction construit en Europe. Il a donc facilité grandement le commerce fluvial entre la Loire et la Seine. Long de 57 km, avec 32 écluses, il unit le canal latéral longeant la Loire au canal du Loing.
Escaladant le talus, je prends pied sur l’ancien chemin de halage à hauteur de Montcresson. Sur l’autre rive, une péniche emprunte un bras du canal pour venir s’amarrer devant un silo à céréales.
Je vais marcher encore trois kilomètres sur le chemin de halage. Viviane et Oscar viennent à ma rencontre. A 17h30, à hauteur d’un pont qui franchit le canal, nous retrouvons le camping-car, garé au bord de l’eau sur le GR.

Nous allons passer la soirée à cet endroit. Plus tard, je sors avec Oscar pour une balade de nuit. Des batraciens qui traversent la route intriguent le chien. C’est l’époque de la reproduction. Grenouilles et crapauds rejoignent les mares de leur naissance.

Dimanche 16 mars 2008 : Canal de Briare – St-Maurice-sur-Aveyron.

A 9h30, je quitte les lieux en même temps que Viviane. Je reprends ma progression sur le GR 13 le long du canal de Briare. Une passerelle sur le Loing, par où devait bifurquer le sentier selon la carte de randonnée au 25000ème, est en lambeaux, impraticable. Le balisage  m’entraîne en un long détour le long du canal jusqu’à Montbouy avant de franchir le Loing et de remonter vers le nord par le hameau des Lorrains, pour récupérer l’ancien itinéraire à la croix de la Garde.
Le sentier se poursuit dans les cultures du Gâtinais. Là, retentissent les trilles mélodieux de l’alouette des champs suspendue dans le ciel, avant que l’oiseau ne se laisse choir dans la prairie.
Un soleil timide part en lambeaux. Des giboulées bruineuses prennent le relais.
Le GR 13 abandonne l’orientation générale nord-sud qu’il suivait depuis son origine pour se diriger maintenant vers l’est.
Par un détour à travers champs, je franchis sur une passerelle l’Aveyron (oui, on est bien dans le Loiret !) et je traverse La Chapelle-sur-Aveyron.
Maisons à pan de bois ou aux encadrements de briques rouges.
Le pan de bois hourdé de torchis, sur solin de rognons de silex ou de briques, a été le matériau de construction des bâtiments ruraux en Sologne, en Puisaye, dans le Perche, en Gâtinais et dans le Pays Fort jusque vers 1840. A partir de cette date, la brique s'est généralisée.
A la sortie du village, je passe à nouveau un gué doublé d’une passerelle, pour entrer dans un hameau en partie ruiné en cours de réhabilitation. Un détour boueux à travers champs me mène au lieu-dit Gué Pinard puis une petite route au Grand Carrouge. A partir de là, un petit chien m’accompagne sous la pluie et les bourrasques pendant deux kilomètres et ne semble pas vouloir me quitter. Lorsque je retrouve le Boxer à Bel-Air, à l’entrée de Saint-Maurice-sur-Aveyron, le chien me perd de vue, me cherche un moment puis rebrousse chemin d’un air résigné.
Il est 12h30. Nous mangeons dans le fourgon. Je fais une petite sieste.
Le mauvais temps ne m’engage pas à continuer.

Nous rentrons alors à Saint-Fargeau. On s’est rapproché : il ne reste plus qu’une demi-heure de trajet.

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Samedi 22 mars 2008 : St-Maurice-sur-Aveyron - D64 (la Bruyère).

C’est le week-end de Pâques.
Vers 15h30, Viviane me dépose à la sortie de St-Maurice-sur-Aveyron.
Je commence à marcher sous un ciel incertain, pas franchement engageant : alternance de nuages et de soleil timide. Petite route qui longe l’Aveyron sur sa rive droite jusqu’au hameau de Fontainejean. Un pont enjambe la rivière en face d’une abbaye cistercienne du XIIe siècle. C’est une propriété privée qui ne se visite pas : quelques ruines dont une partie réhabilitée avec de grandes baies vitrées.
Je poursuis à travers les gâtines. Les chemins sont boueux, après les pluies de la semaine. Je franchis le gué de Maurepas sur une passerelle. Je gagne l’étang des Loges, saturé, qui déborde. Je fais une pause pour manger une pomme sous des nuages menaçants. En fait, il ne se passe rien, car les nuages se délitent. A travers champs et bosquets, j’atteins une lisière qui se trouve être la limite entre les départements du Loiret et de l’Yonne. Le sentier se poursuit le long d’une haie, d’une lisière et enfin pénètre dans l’Yonne, en Bourgogne.
Je débouche à 18h sur la départementale 64, entre Chambeugle et Marchais-Béton, à hauteur de la ferme de la Bruyère. Viviane n’a pas osé me rejoindre, vu l’état des sentiers.

Nous allons passer la nuit au camping de Charny, à moitié inondé par la crue de l’Ouanne.


Dimanche 23 mars 2008 : D64 – La Ferté-Loupière.

Aujourd’hui, je vais randonner sur le GR 13 en Puisaye.
La Puisaye est un plateau boisé argileux, entaillé de vallées bocagères, terroir d’étangs et de clairières, de sources et de sous-bois, décrit par Colette (née à St-Sauveur-en-Puisaye en 1873). L’artisanat reste actif avec les ateliers de poteries en grès.
Il a neigé pendant la nuit. Le soleil va toutefois en faire disparaître assez rapidement les quelques traces éparses dans les champs.
Après la ferme de la Bruyère, premier passage d’un ruisseau en crue au milieu des prés. Un poteau électrique en béton couché dans le courant permet de le traverser à fleur d’eau. L’itinéraire se poursuit à travers prés et champs sur chemins boueux ou petites routes. Trois chevreuils gagnent une lisière à mon approche.
Le sentier débouche aux petits Naudins dans la vallée de l’Ouanne. La rivière est en crue. Une première passerelle me permet de la franchir, mais je ne suis pas tiré d’affaire pour autant : les prés sont inondés. Que faire ? Un détour de 3 km par un pont plus au sud, ou passer tout droit à travers prés. Je choisis de traverser l’inondation. Bientôt j’ai de l’eau presque jusqu’aux genoux ; je m’écorche le visage et les mains en essayant de me stabiliser dans les haies d’aubépine. Après quelques centaines de mètres, j’atteins une seconde passerelle.
Une fois hors de l’eau, je retire mes chaussures pour une opération d’essorage des chaussettes. Mais il faut continuer. Je débouche sur la route départementale menant à Charny, et je franchis la ligne du cyclo-rail de Puisaye. L’ancienne ligne de chemin de fer Montargis – Toucy a repris du service grâce à un système ingénieux de wagons-vélos permettant de parcourir la ligne et découvrir les paysages de Puisaye, au départ de Villiers-Saint-Benoît. Viviane et moi l’avons d’ailleurs empruntée l’été dernier.
Sur ces entrefaites, je rencontre un marcheur qui a préféré faire le détour plutôt que de se risquer dans les inondations.
Au sortir d’un bois, je retrouve Viviane et Oscar. Nous mangeons dans le Boxer au bord d’une route peu fréquentée, aux abords du bois du Petit Montigny.

Lorsque je repars dans l’après-midi, je rencontre quelques promeneurs qui profitent du soleil de cette fraîche journée de Pâques. Je longe une propriété originale, sillonnée par les rails d’un petit train, avec une gare, une voie de garage et du matériel récupéré à la SNCF. On est peut-être chez un ancien cheminot, probablement un passionné !
J’entre dans les bois et je débouche en soirée à La Ferté-Loupière. Situé à la porte septentrionale de la Puisaye, ce village est implanté au creux de la vallée du Vrin, adossé aux plateaux boisés. Son église abrite la plus célèbre fresque murale de la Puisaye, l’une des six danses macabres que l’on connaisse en France.
Viviane arrive à ma rencontre avec Oscar. Elle est frigorifiée d’avoir attendu dans le fourgon toute la journée.

Comme nous n’en sommes pas loin, nous rentrons dormir à Saint-Fargeau.


Lundi 24 mars 2008 : La Ferté-Loupière – Chassy.

Il a encore neigé cette nuit. Les champs sont recouverts d’une fine pellicule blanche.
Viviane me dépose à la sortie de La Ferté-Loupière. J’arpente une petite route, je traverse quelques hameaux et je pénètre dans la forêt d’Aillant : cinq kilomètres dans une forêt hivernale enneigée. Grésil et pluie alternent sur le parcours. Les ornières des chemins sont inondées.
Sortant de la forêt, je débouche sur les riches terres agricoles de l’Aillantais. Ce n’est plus la Puisaye, le bocage a disparu. Seules de vastes étendues de champs monotones subsistent à perte de vue, coupées par l’alignement des arbres de la route départementale qui relie Toucy à Joigny. Les chemins sont boueux ; la terre colle aux chaussures.
J’arrive à Chassy vers midi. Je retrouve Viviane au village. Nous décidons de rentrer à la maison.

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Samedi 29 mars 2008 : Chassy – St-Georges-sur-Baulche.

Ce matin, au départ de Chassy, la journée s’annonce ensoleillée. Le sentier s’éloigne dans les champs derrière une bâtisse forte, le Château. Il longe une lisière pendant trois kilomètres jusqu’à St-Maurice-Thizouaille. Les chemins sont encore boueux, et par endroit les ornières inondées obligent à des détours. Après le village, le GR s’engage au travers de vastes étendues agricoles qui commencent à verdoyer, au large des hameaux de Mormont et Chaillot. Il débouche sur une route sans repère qui serpente au milieu des champs. Viviane m’attend dans un virage.
Nous mangeons non loin de là, au débouché d’un chemin agricole. Un jeune flic qui passe dans sa voiture personnelle s’arrête et note ostensiblement notre numéro d’immatriculation. Un peu de zèle, ou le besoin de se donner de l’importance ?

Je poursuis mon chemin dans l’après-midi, franchis la D89 et atteins Charbuy. Le tracé s’insinue aux abords des lieux-dits et lotissements, emprunte une promenade au long des jardins et des étangs et s’éloigne à nouveau dans la campagne entre labours et étangs de pêche. Pénétrant en forêt, il rejoint une ancienne voie ferrée. C’est là que le GR 13 rencontre le GR 213 (liaison GR 2 – GR 13) qui se termine là, à la jonction des deux sentiers. A l’entrée d’une propriété privée, le passage est interdit. J’ai appris hier soir par hasard, lors de l’AG du comité départemental de la Randonnée pédestre de l’Yonne que le passage était en cours de révision. Le GR passait sans autorisation sur cette propriété privée. Suite à l’interdiction du propriétaire de l’emprunter, un nouveau chemin est en cours de création. Mais la déviation n’est pas encore balisée. Je continue mon chemin sans encombre ; je rencontre d’autres promeneurs, d’ailleurs, sur le sentier toujours boueux. L’itinéraire sort de la forêt, longe un manoir ; puis il atteint une zone de loisirs à l’entrée de St-Georges-sur-Baulche.
Viviane et Oscar m’attendent là, en bordure du ru de Baulche, à côté d’un terrain de pétanque occupé par des joueurs.

Nous allons rester là pour la nuit. Je jouerais bien aux boules moi aussi, mais Viviane n’a pas l’air décidée. Nous mangeons dans le fourgon. La nuit tombe. 
Je ferai par la suite une balade avec Oscar jusqu’à l’orée de la forêt. 

Dimanche 30 mars 2008 : St-Georges-sur-Baulche – Vaux.

Nous sommes passés cette nuit  à l’heure d’été.
A10h, je m’éloigne dans les champs par un chemin de haies. Je contourne de loin St-Georges-sur-Baulche et je me dirige vers les faubourgs sud-ouest d’Auxerre. Je traverse la route qui relie Auxerre à Orléans. Par un passage aménagé, le GR 13 atteint la Coulée verte, un sentier urbain qui emprunte l’ancienne voie ferrée Auxerre-Gien et contourne la ville. Promeneurs et sportifs se croisent sur le remblai.
Au sud d’Auxerre, jonction avec le GR 654, l’une des voies historiques de St-Jacques-de-Compostelle (voie de Vézelay). Les deux GR s’éloignent de l’agglomération le long d’une zone pavillonnaire et s’engagent résolument à travers champs sur un chemin goudronné tout droit.
Le paysage commence à changer. Des vergers de cerisiers et bientôt des vignes apparaissent. L’itinéraire passe par une succession de coteaux calcaires d’où l’on découvre un paysage nouveau : la vallée de l’Yonne et les coteaux de l’Auxerrois.
Viviane et Oscar sont venus à ma rencontre. Ensemble, dans un virage de la route, nous empruntons un chemin herbeux qui descend en pente raide. On bénéficie d’une vue splendide sur la vallée de l’Yonne. Il est 13h. On aboutit à Vaux.

Avec le Boxer, nous retournons sur la route agricole d’où nous provenons. Nous mangeons aux abords d’un verger de cerisiers. Dans l’après-midi, le temps change et la pluie commence à tomber. Nous repartons pour Saint-Fargeau.


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Samedi 27 septembre 2008 : Vaux – Cravant.

Viviane me laisse vers 11h sur la place de Vaux.
Le GR 13 et le GR 654 franchissent le pont sur l’Yonne et gagnent le bord de la rivière. Un agréable chemin de pêcheur remonte le long de la rive droite jusqu’à Champs-sur-Yonne. L’itinéraire traverse la ville puis s’éloigne en montant sur le coteau. Direction générale sud-est.
Trajet dans les cerisaies et les vignes des coteaux de l’Auxerrois. On est ici en pleine Bourgogne des vignobles.
Le vignoble auxerrois a une origine qui remonte aux premiers siècles de notre ère. Jouissant dès le Haut Moyen Age d’une grande renommée, et bénéficiant des facilités de transport de l’Yonne navigable, il a connu jusqu’au siècle dernier une remarquable prospérité. Actuellement le vignoble est concentré dans deux zones : la vallée du Serein autour de Chablis et la vallée de l’Yonne au sud-est d’Auxerre.
Le sentier serpente dans le vignoble. Je picore quelques grains de raisin.
Bientôt j’atteins la route de Saint-Bris-le-Vineux. A proximité, je rencontre Viviane installée au soleil avec Oscar à côté des vignes. Nous mangeons sur place.

Lorsque je me remets en route, je parcours à nouveau vergers et vignes. Les pelotes cotonneuses du chèvrefeuille et les feuilles rouge sang des cornouillers sanguins colorent les haies du chemin. Le parcours découvre la vallée de l’Yonne.
Au creux d’un vallon au milieu des vignobles, apparaît Irancy, l’un des plus beaux villages vignerons de Bourgogne.
Les vins d’Irancy sont très estimés et ont droit à l’appellation contrôlée de Bourgogne.
Le sentier ne pénètre pas dans le village. Il le contourne par une large avenue bordée d’arbres et remonte sur les coteaux. Horizon de vignobles où dans certains domaines commencent les vendanges. J’atteins une propriété où toute la famille est au travail.
Le sentier se perd aux abords d’un verger abandonné. Retrouvant une large piste, je descends en milieu ouvert entre les coteaux et j’entre dans la soirée à Cravant, au confluent de l’Yonne et de la Cure.
Viviane est là, à l’entrée nord du village. Nous traversons le bourg : vestiges de fortifications, tour de l’Horloge du XIVe siècle. Nous cherchons un endroit où passer la nuit.

Après quelques allers et retours, nous trouvons un camping à Vincelottes, sur les bords de l’Yonne et du canal du Nivernais.